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crazyjack
11 juin 2007

Nicolas Sarkosy, le patron qu'ils voulaient.

Pourquoi Nicolas Sarkosy plait-il tant aux patrons de tout poil et de toute envergure ?  Parce qu’il prétend que la France se dirige comme une usine et que la politique d’un état se confond avec la politique industrielle. Parce qu’au bout du compte, dans son discours, l’état est à la fois, selon lui, l’entreprise, sa raison d’être, et son propre objectif. Tout comme dans l’entreprise, il pense que les personnes sont à considérer au même titre que la matière première : denrée périssable, certes, mais renouvelable.

Les patrons se retrouvent bien dans ce schéma et sont convaincus que, sans eux, le monde s’arrêterait de tourner. Certains, les plus naïfs d’entre eux, sont même de bonne foi. Les autres s’évertuent à jouer la sincérité, allant jusqu’à se placer comme victime.

Mais quand monsieur Untel prétend que s’il « met la clé sous la porte » il envoie N personnes au chômage, il ne fait que se convaincre lui-même de l’importance qu’il se donne. Il n’ose pas imaginer un seul instant l’abandon de cette place qu’il chérit tant, et les fameuses responsabilités qui pèsent si lourd sur ses épaules, il ne les lâcherait pour rien au monde, tellement elles représentent tout ce qu’il est.

Il ne veut pas songer que s’il n’était pas là, un autre serait à sa place, qui tiendrait le même discours, qui, comme lui, oublierait volontiers l’importance que représente ces N ouvriers et employés dont le travail participe au bon fonctionnement et à la prospérité de « la boîte ». (Qualificatif approprié quand on pense aux heures d’enfermement qu’il induit pour les dits ouvriers.) 

Monsieur Untel donc, fort de son discours auto rassurant  oublie, avec la même aisance, d’envisager le partage équitable de ses biens et des profits qu’il réalise avec « ses » ouvriers, oubliant encore que sans eux rien ne se ferait. Eux sont remplaçables, dit-il, comme si lui-même ne l’était pas.

Il oublie, dans le même temps, que cette façon de faire et de penser l’isole un peu plus de l’humanité dont il prétend être le moteur. Au fond, ce qui l’intéresse, c’est l’image qu’il a de lui-même, de sa « réussite » comme il dit. Cette fameuse réussite qui flatte tant son ego et qui lui permet de se persuader qu’il est indispensable, alors qu’il n’a fait que tresser la laisse par laquelle il retient tout le monde, préservant au mieux son savoir par crainte de le partager et de se retrouver déposséder de l’arme qui lui permet d’exister, à travers laquelle il se considère comme l’indispensable élément nécessaire au bon fonctionnement du monde.

Dérisoire illusion ; qu’il disparaisse demain et, dans le meilleur des cas, on trouvera quelques amis de la famille pour le pleurer et un journal local pour titrer : « Dramatique disparition de monsieur Untel, industriel bien connu et respecté de tous. Il laisse un grand vide, .... » Ah ! Ah ! Ah ! Que cette expression est amusante quand on y réfléchit un peu mieux.

(*  beaucoup d’oublis dans tout ça.)

Bien sûr, la fermeture d’une usine place soudain de nombreuses familles dans la détresse et c’est en s’appuyant sur ce constat qu’on entend monsieur Untel nous tenir ce discours paternaliste (maternaliste n’existe pas encore mais ça va venir).

Bien sûr que pour le mettre lui-même dans un embarras semblable il faudrait être capable de la même puissance et d’une organisation plus délicate à mettre en oeuvre. Les syndicats, un temps donné, y étaient arrivés.

Alors, aujourd’hui, monsieur Untel a beau jeu de brandir l’arme de la délocalisation. C’est le même Untel qui, hier, demandait à son copain Politique de faire donner la troupe contre les « rebelles grévistes ». C’est le même Untel qui, avant hier, exerçait le commerce triangulaire sur lequel s’est assise sa fortune. C’est le même Untel qui, quand il avait encore sa particule, possédait les terres et les habitants qui survivaient dessus.

Aujourd’hui, la délocalisation n’est plus ce qu’elle était car le monde évolue plus vite, y compris dans les pays qui subissent de plein fouet l’avènement de l’ère industrielle que nous avons connu au XIXème siècle. En Chine ou ailleurs, d’autres patrons ont compris qu’ils pouvaient, à leur tour, tirer profit de cette situation.

Il reste donc les intermédiaires pour s’enrichir encore facilement. Mais quid des patrons qui produisent. Monsieur Untel s’inquiète. Délocaliser ne paie plus. Alors il demande à son copain Politique, celui qui est à la tête de l’usine France, d’intervenir lors de l’assemblée générale du consortium Europe d’instaurer des protections douanières efficaces, avec moins de douaniers si possible car ils coûtent chers. Comme Politique semble être en passe de réussir, il lui crie très fort merci et, comme il est de bon ton de croire un peu à quelque chose de supérieur, il brûle un cierge à Saint Pouvoir, protecteur des riches et des bien nés.

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