On peut se demander si on a le droit d’avoir un avis sur l’économie de marché, la politique internationale, ou encore l’aménagement du territoire. Oui, on peut se poser la question tant on a l’impression que tout est devenu une affaire de spécialistes, de gens informés, qui ont fait des études poussées, et qui, forts de leurs savoirs accumulés, sont capables de choisir pour nous le meilleur chemin, la plus saine attitude, le plus …, la meilleure …, parfois la moins pire aussi.
Aujourd’hui, et en y regardant de plus près, je suis convaincu que le bon sens de chacun d’entre nous vaut bien tous les discours de ces spécialistes et s’il est vrai que leurs avis méritent qu’on les écoute, il ne faut pas pour autant les suivre sans sourciller, d’autant que chacun d’eux, pour un même sujet, n’a pas la même approche, ni la même analyse, et donc pas les mêmes solutions pour un même problème posé.
Ainsi, lorsque, aujourd’hui, j’entends les médias relayer le satisfecit européen quant au choix de l’Irlande d’accepter l’aide du FMI pour « sortir de la crise », moyennant des restrictions budgétaires dont on sait déjà qu’elles vont toucher, encore et toujours, ceux qui sont dans le manque et le besoin, je ne suis pas du tout rassuré sur l’avenir. Au contraire, j’ai l’impression désagréable de voir se construire, jour après jour, une Europe déshumanisée et dont les populations fragiles enflent, se marginalisent, deviennent de plus en plus dépendantes, et pour finir, violentes.
Je crois qu’il faut se garder de cette accélération des procédures financières présentées comme la panacée des remèdes contre les crises à répétitions. Les effets sont de plus en plus dévastateurs pour la grande majorité des populations et ne favorisent qu’une frange déjà très aisée de la population. Les écarts se creusent et génèrent des haines et des mépris, réactions normales dans un monde où l’on abandonne jour après jour, réformes après réformes, les pistes tracées par le passé, et qui visaient à améliorer l’éducation du plus grand nombre, pour tendre vers une société responsable et respectueuse ou chaque individu aurait les mêmes droits essentiels.
Nous connaissons, dans ce domaine particulièrement sensible, une des régressions les plus fortes depuis soixante ans, alors qu’un peu partout dans le monde des tensions se précisent, elles aussi nées de l’inégalité et du manque à fortiori dans les pays où la colonisation a laissé au cœur des population l’amertume propres à ceux qui se sentent abandonnés après avoir été exploités et souvent spoliés.
Il me parait donc plus que jamais nécessaire que chacun de nous prenne son avenir en charge et ne l’abandonne pas aux mains des politiques soumis aux sirènes du monde des finances. Nous devons nous investir, être présents, donner notre avis, contrôler ce qu’il advient de nos propositions, et ne pas laisser faire. Nous ne sommes pas impuissants, par encore tout à fait. Il reste une marge de manœuvre conséquente avant les élection de 2012, pour mettre en place autre chose que ce que l’on entend à « droite » comme à « gauche », (les guillemets sont là pour lever toute ambiguïté sur le sens exact que ces mots ont pu avoir avant l’accaparement, par le libéralisme, des décisions politiques de tout bord).
Exprimons-nous, par tous les moyens qui sont encore à notre disposition, discutons les problèmes, les solutions proposées, ne nous laissons pas embrigader dans n’importe quelle mouvance qui nous promet monts et merveilles, et surtout, ne laissons pas la bride sur le cou de ceux à qui nous pensions avoir confié notre avenir.
A bientôt.